3 particularités à savoir sur les joutes nautiques de Thuin !

« En ces périodes de forte chaleur, les activités nautiques sont fort prisées. C’est le cas à Thuin où les tournois de joutes nautiques rythment l’été ! Reflétant l’âme des habitants, cette pratique ancestrale de combat sur l’eau combine sport et spectacle. Mais qu’est-ce qui fait la singularité de cette activité estivale thudinienne portée par ces hommes en blancs ? »

Rendez-vous avec Dimitri Lenglin, Président du Club des Sauveteurs et Jouteurs de Thuin, qui nous explique avec passion l’histoire, les codes et les rituels de ce sport régional qui n’est pas prêt de tomber à l’eau ;-) Intrigué(-e) ? Alors, en avant Joutes ;-)

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1. Le cœur bleu « marine »

Semblant exister depuis la Haute Antiquité, les joutes nautiques sont pratiquées en France, en Allemagne, en Suisse et en Belgique. Même si à l’époque, il s’agissait plutôt de combats que de loisirs car l’affrontement se déroulait sans aucune protection. Les participants obéissaient à la fiction de défendre et d'attaquer une place, un pont ou une croisée de chemins.

L’histoire d’amour entre l’eau et la ville de Thuin remonte à des temps immémoriaux. Cette proximité avec la Sambre a façonné le paysage et l'environnement de la ville, créant des opportunités de loisirs et de promenades, et influençant potentiellement la vie des habitants. D’ailleurs, saviez-vous qu’au début du siècle dernier, Thuin avait été le deuxième port fluvial de Belgique après Anvers ? À la suite de la canalisation de la Sambre, le quartier du Rivage comptait jusqu’à 5 chantiers navals employant des dizaines d’ouvriers de la région !

« C’est donc sans surprise que Thuin, l’un des grands carrefours fluviaux de Belgique, adopta les joutes nautiques en bord de Sambre. Les mariniers pratiquaient cette compétition aquatique le dimanche pour se divertir. D’ailleurs, beaucoup de jouteurs proviennent de famille d’origine batelière. Chez moi, on joute en famille depuis 4 générations ;-) »

Celles-ci se déroulent encore actuellement à la Ville Basse sur la Sambre les dimanches. Plus particulièrement sous le léger pont piéton, avec une vue imprenable sur le beffroi Unesco haut de 60 mètres. C’est la couleur bleue des bateaux qui désigne Thuin. La couleur rouge, quant à elle, caractérise l’adversaire. Et la blanche est la couleur de la neutralité.

2. La méthode à la corde

La pratique des joutes nautiques en Belgique connaît des disparités régionales. Par exemple, alors que Lobbes est spécialisée dans les joutes à la rame dites « Strasbourgeoises », Thuin pratique, quant à elle, les joutes à la corde, dites « Orsoises » : deux barques sont propulsées à l’aide de trois ou quatre hommes tirant des cordes reliées aux deux berges de la Sambre avec un espacement d’au moins un mètre. Les jouteurs sont vêtus de costumes traditionnels, coiffés d’une gaffe, munis d’une perche et d’une lance permettant de toucher l’adversaire.

Ils utilisent leurs bras pour tirer sur la corde, créant ainsi une tension les rapprochant de l’autre équipe. Les jouteurs peuvent ainsi s’affronter sur leur plateforme. Ils se tiennent debout sur leurs bateaux et utilisent leurs jambes pour maintenir l’équilibre tout en maniant habilement leurs lances. Le but des joutes est simple : faire tomber à l’eau son adversaire !

« On met bien sûr le paquet pour défendre notre équipe avec des attaques franches et un esprit compétitif. Mais toujours dans le respect des règles, et surtout dans une ambiance festive où la camaraderie et l’esprit sportif priment. D’ailleurs, la chute d’un jouteur occasionne toujours beaucoup d’éclats de rire de la part de foule amassée sur les quais de Sambre. Les joutes ne se résument pas à un simple spectacle folklorique et sportif, ou encore à un combat corporel. C’est surtout l’occasion de nous connecter à notre culture ! »

3. Des jouteurs devenus sauveurs

La société de jouteurs à Thuin existe depuis une soixantaine d’années. À l’époque, et plus particulièrement en 1925, elle portait le nom historique de la « Nervienne » et s’étendait d’Erquelinnes jusqu’à Landelies. Ce n’est que depuis les années 60 qu’elle porte son nom actuel : Société Royale des Sauveteurs et Jouteurs de Thudinie.

À l’époque, Thuin a vécu de désastreuses inondations et les jouteurs sont intervenus pour des opérations de sauvetages. Depuis, certains jouteurs sont devenus des sauveteurs. À la suite de cela, la société a définitivement pris le nom de Société Royale des Sauveteurs et Jouteurs de Thudinie. Elle regroupe des membres ayant la double casquette : des sportifs pratiquant les joutes et sauveteurs en cas de crues. Cette année, la société va fêter son centenaire. Depuis sa fondation, elle s’est déplacée dans toute la région et à l’étranger organisant des joutes nautiques, et participant à des tournois nationaux et internationaux.

« En parallèle, j’attache énormément d’importance à la pérennisation de ce divertissement maritime. On organise des stages, on initie les jeunes en leur apprenant les techniques et valeurs de ce sport, etc. Pour leur plus grand plaisir, des joutes nautiques déguisées ont lieu chaque année en septembre (après le grand championnat de Thudinie). Les bénéfices sont alloués à d’autres activités tout au long de l’année (sortie d’Halloween, etc.) »

Petit abécédaire des joutes… Pour vous mettre dans le bain ;-)

• Pavois : Bouclier de bois porté par le jouteur pour se protéger des coups de lance.
• Tintaine : Plateforme où se tient le jouteur, surélevée à +/- 2 m au-dessus de l'eau.
• Bigue : Poutres qui soutiennent la tintaine/plateforme sur laquelle se trouve le jouteur.
• Lance : Longue perche en bois utilisée pour frapper l'adversaire.

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Copyrights : Société Royale des Sauveteurs et Jouteurs de Thudinie