Avez-vous déjà goûté le Tchaudia de Leernes ?

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« Comme tous les premiers dimanches de juillet, et en l’occurrence du vendredi 4 au mardi 8 juillet, le hameau de Wespes va vivre au rythme du Chaudeau, plus vieille fête de l’entité ! Entre les chants, les marches, les jeux, ou encore la tant attendue dégustation de la soupe à la recette bien gardée (le tchaudia), il s’agit d’un folklore à la préparation bien rodée ;-) »

Hugo Michel, Président du Comité de la Jeunesse de Wespes avec le folklore gravé dans son ADN, nous partage avec fierté les us et coutumes de cette célébration se distinguant par son caractère authentique et l’implication de la jeunesse dans la transmission de ce patrimoine.

Demandez le programme ici !

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Les « Pourcacheûs dèl djonne Binde » prêts pour la récolte des ingrédients du Tchaudia

Quelle est l’origine de cette fête folklorique ?

L’origine exacte du Chaudeau de Wespes n’est pas vraiment connue. Toutefois, ce terme apparaissait déjà dans des écrits du 12ième siècle ce qui lui confère une tradition multiséculaire, voire peut-être millénaire ! D’ailleurs, cette manifestation a été reconnue en 2014 comme chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Ce folklore célèbre la fin de la fenaison et le début des moissons. Il est lié à un lointain culte de la fécondité et au solstice d’été. C’est réellement une fête haute en couleurs qui fédère toute l’entité. Durant une semaine, et se déroulant toujours le 1er dimanche de juillet, cette fête met à l’honneur les Saints Pierre et Paul, ainsi que la jeunesse de Wespes.

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Table dressée pour la dégustation de cette soupe à base de lait, sucre, oeufs et mastelles (petits pains à la cannelle)

Lors de cet événement, tout le monde attend la fameuse dégustation du breuvage spécial reconstituant le « tchaudia ». Une recette bien gardée paraît-il ?

Oui, effectivement ! Pour être précis, le chaudeau est un lait de poule non alcoolisé dans lequel sont trempés des mastelles, des petits pains ronds et sucrés à la cannelle. On attache énormément d’importance à la préparation de la recette car elle n’est connue que par deux cuisinières du hameau. D’ailleurs, et comme l’une arrête cette année, elle va transmettre le secret à la nouvelle génération ! C’est les « Pourcacheûs dèl djonne Binde » (la première bande) qui sont chargés de la récolte de tous les ingrédients.

Le dimanche, les « Pourcacheûs dèl djonne Binde », habillés d’une chemise et d’un pantalon blanc et coiffés d’un chapeau de paille, font du porte à porte pour récolter du lait, du sucre et des œufs. Afin d’honorer cette tradition orale, ils crient « Vive Saint Pierrot » aux habitants pour les remercier de leurs dons alimentaires. Ensuite, et dans une ambiance très chaleureuse, ils ramènent toutes leurs petites courses à l’école pour l’élaboration de cette recette sucrée si chère aux Wespiens ;-)

Ensuite, la cuvée est distribuée le dimanche aux participants se retrouvant autour de leur place où se dresse fièrement notre magnifique kiosque. Ce dernier étant un endroit central et symbolique pour tous les habitants. Lors de ce premier service, les « scaldias », des baquets en bois, sont déposés à même le sol. Les participants se servent au moyen d’une cuillère en bois. Lors de l’édition précédente, plus de 65 litres de soupes avaient été distribués ! C’est vraiment un plat qui rassemble les locaux, intégrant la tradition et la jeunesse de notre village.

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Dégustation conviviale du Tchaudia au moyen d'une cuillère en bois

Une grande importance est accordée aux préparatifs de la manifestation (costumes, guirlandes, etc.) Comment cela s’organise-t-il ?

Pour cette fête, tout est symbole ! Du coup, on met le paquet sur la présentation : les guirlandes, confectionnées par tous les jeunes du village, que les « guirlandeurs » accrochent dès le jeudi, les bouleaux et les fougères que l’on va chercher dans les bois le vendredi, les cocardes que l’on porte fièrement, les « traînards » qui dégustent tout ce qu’on leur propose sur le parcours, etc.

On décore et on fleurit le kiosque du village. On prépare les floches (« petits bouts de tissus ») qui seront vendues par les jeunes filles du hameau à la foule pour soutenir la jeunesse dans une atmosphère festive et musicale. Bref, vous l’aurez compris, rien n’est vraiment laissé au hasard !

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Guirlandes colorées confectionnées par les jeunes du village

On dit qu’avant sa distribution à la foule, le « tchaudia » doit être approuvé par Bruno Ricker, maître de la ferme Marc. Pourquoi cette tradition ?

En soirée et accompagnés de la fanfare, les jeunes se rendent à la ferme Marc située près du ruisseau de Wespes pour y recevoir la canne major (ou canne de la jeunesse) par Bruno Ricker, propriétaire de la ferme.

Selon la tradition, il goûte le « chaudeau », donne son approbation et remet la canne major. C’est un peu l’assentiment très attendu du Maître de la plus grande ferme du village ;-) Une fois approuvée, l’offrande est alors distribuée à la foule.

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La fanfare des jeunes en route pour recevoir la canne major

Lors de la clôture de cette manifestation, un émouvant bénédicité est repris par la foule. D’où vient-il ?

C’est un chant écrit par Jean-François Deltenre, un aveugle né à Wespes en 1780. D’ailleurs, et comme l’origine du Chaudeau n’est pas définie, on calcule le nombre d’éditions en se basant sur l’année de sa naissance soit, en 2025, son 245ième anniversaire. Ce chant met en exergue les valeurs et toutes les étapes de ce folklore transmis de génération en génération.

Avant de déguster le chaudeau, c’est toujours avec un immense respect et dans une atmosphère conviviale que la foule entonne en chœur ce chant émouvant autour des soupières. À la fin du Chaudeau, les gens se recueillent toujours devant la plaque dédiée à Jean-François Deltenre.

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Plaque dédiée à Jean-François Deltenre, auteur du bénédicité

Comment expliquez-vous l’engouement toujours présent des jeunes pour ce folklore millénaire ?

À première vue, il s’agit là d’une manifestation qui pourrait paraître bien modeste en comparaison à d’autres qui attirent des milliers de spectateurs… Toutefois, le Chaudeau de Leernes a vraiment conservé son ancrage local et une authenticité indiscutable ! C’est LE rendez-vous de l’année que tous les villageois ne rateraient pour rien au monde ;-)

Ce que j’adore dans ce folklore, c’est qu’il représente un héritage culturel de partage accumulé au fil du temps. Sans oublier, ce mélange d’équilibre entre tradition et modernité où la jeunesse s’efforce de garder cet événement au goût du jour afin de garantir sa pérennité !

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Copyrights : Lorraine Demoulin, Thibault Noirfalise et Derry Turla.

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